LES DEMOISELLES A SAUVER
Quelque soit le jeu d’aventure ou de RPG (pourvu que vous incarniez un mâle), l’enjeu de l’amour viendra toujours un moment ou un autre vous freiner dans votre quête (quand la quête en question n’est pas de LA sauver). Zelda, Final Fantasy ou encore Star Ocean, aucune série n’est en reste. Peut être n’est-ce pas qu’un capricieux hasard du destin ? Qui sont donc ces femmes qui veulent donc tant être secourues ? Quelle symbolique se cache derrière cette mission chevaleresque de sauver la pucelle en péril ?
"Mon regard est-il suffisamment chaste ?" FFVII.
Elles chantent au clair de lune ou s’émerveillent devant les éphémères bourgeons qui poussent au fond de l’église de la commune. Elles dansent et ondulent pour de curieuses cérémonies (en gardant l’air crédible), ou encore portent un accoutrement aussi insolite que séduisant, tout en conservant ce regard de chaste biche effarouchée (Comme montré ci-dessus). Dans les cas les plus extrêmes, elles ont même la plupart du temps des visions de l’avenir, ou des dons extraordinaires que seules les vénérables et saintes élues possèdent, tout en restant bien sûr, humble et mesurée quant au poids de leur lourde mission à accomplir, généralement dans l'intérêt du bon peuple. Mais à partir d’un moment précis (parfois même, dès le début), elles hurlent, elles pleurent et appellent à l’aide et au viol, pour qu’un héros venu de nulle part (et qui, comme par hasard, se trouve présent lors de l’infâme kidnapping) viennent les secourir et les protéger, pendant qu’elles iront moisir dans les chimères de leur inutilité le temps de votre quête. Oui, ce sont bien elles : Les demoiselles en détresse.
Ceci n’était bien entendu qu’une bribe d’un schéma scénaristique pris et usé jusqu’à la trogne qui fait désormais le quotidien de nous, gamers, et qui n’est malheureusement qu’une variante redondante et lourde, réapparaissant tel le refrain d’un hymne insupportable mais accrocheur… Néanmoins, ce genre d’épopée rappelle combien le geek le plus insociable a en lui une âme chevaleresque et magnanime , mais est-ce bien nécessaire de tomber ainsi dans les bas-fonds de la niaiserie ?
Bas fond de la niaiserie en question. FFVIII.
Dans ce monde de testostérone et de carnages en série, la femme (aussi femme soit elle), a malheureusement autant sa place dans tout ce brouhaha hostile que sur un terrain de rugby. Il a donc été forgé dans ce but le rôle de la parfaite nigaude innocente et pure qu’il vous faut secourir. Ainsi, les différentes boucheries engendrés sur les pauvres créatures innocentes afin de « farmer » votre équipe (une minutes de silence pour les goombas...), ou les dommages que vous causez sur l’environnement et les villages lors de votre progression dévastatrice, ou encore ces yoshis, eponas et autres montures que vous esclavagez et sacrifiez jusqu’au dernier pour le bien de votre quête sont alors justifiés, car ils sont commis, non plus au nom de la vaillance et de la soif de victoire, mais au nom de l’amour .
(Shadow of the colossus illustre parfaitement cette allégation.)
Mario 64. | Et non content d’être la clé de toutes les énigmes, la femme est longtemps apparue comme une récompense, un Graal qui nous faut conquérir mais auquel on ne peut toujours pas se déclarer maître une fois notre épopée accomplie ( De quoi ??? ) , car oui, elle n’appartient finalement qu’à elle-même... Mensonges, calomnies, sottises et billevesées ! Même le plus modeste des héros n’ira point risquer ses plumes, sacrifier ses camarades et son âme pour maitriser de nouvelles aptitudes, parfois même mettre le monde et l’équilibre naturel en péril de par ses génocides meurtriers, uniquement pour n’attirer que les bonnes grâces de la belle sans aucune rémunération profitable ou pécuniaire ! Aussi même le plus noble et honnête des chevaliers l’aurait depuis longtemps déjà compris. Ainsi, ce rôle surfait que l’on donne aux personnages dépourvus de prostate n’est pas seulement une commodité scénaristique, c’est aussi l’élucubration stérile d’une histoire désuète ou vous pourrez conquérir le cœur de votre bien aimée par le glaive sans vous soucier des dégâts et préjudices engendrés. Sa sécurité, mais aussi sa reconnaissance nous devient alors un but acharné pour lequel nous allons nous jeter dans la bataille de toute notre véhémence et notre ardeur, et même vos amis, vos compagnons de combats les plus vaillants, font alors profil bas et s’éclipsent dans l’ombre de la généralement peu charismatique demoiselle. Voila encore une bien cruelle vérité pour les membres de votre équipe qui abandonnent généralement bien volontiers leur maison et leur famille pour prendre parti à votre cause. Et qu’ont-ils en retour ? Le privilège de contempler la tant désirée demoiselle vous faire un bisou sur la joue ?! |
Heureusement, ces temps sont désormais résolus. Depuis un certain temps, les dames en question font au moins semblant de se défendre avant de finalement se faire enlever (le premier pionnier de la cause étant bien entendu Ocarina of Time), et ce sont parfois même au tour de ces demoiselles de voler au secours des héros décidément malchanceux…… Ce qui malheureusement résulte d’une émeute agressive parmi les fans (On se rappellera Peach Adventure sur DS, l’infâme Zelda : wand of gamelon sur Phillips, ou encore Final Fantasy X-II). Et l’on entend crier au scandale ! Au Blasphème, à la Profanation et au sacrilège ! Les joueurs ont en effet beau râler quotidiennement, ils n’en gardent pas moins leurs valeurs d’origine, voulant endosser le rôle du macho cuissu, et affectionnent bien plus que de convenance, leur petit schéma de héros du dimanche. En effet, n’est pas personnage principale qui veut ! Le charisme de ces demoiselles étant volontairement pâle, blafard et sans arôme pour mettre en valeur celui du héros, leur faire prendre les armes et les jeter dans l’arène sans plus d’explications n’est hélas pas suffisant pour faire d’elles des héroïnes.
Et même si on ne citera pas nos Jeanne d’Arc des RPG (Samus Aran ou encore Lara Croft), La moyenne sociale reste tout de même engluée et croupit dans cette banalité, ce cliché, de faire de la demoiselle une pauvre sotte sans défense. Mais il faut croire, au vu des succès dans l’histoire du jeu, que ce schéma reste un argument de vente manifestement efficace. Peut-être peut-on rester plein d'espoirs et de rêves quant à une vraie fin que méritent vraiment nos aventuriers. Qui sait ?
Source : Reflexion personnelle mesdames et messieurs